Annick Billon
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Cette veille d’élections législatives est une occasion renouvelée de rappeler l’importance du Sénat et du bicamérisme au sein de notre institution. Apparu en 1795 sous le Directoire, inscrit à l’article 24 de la Constitution du 4 octobre 1958 (Le Parlement vote la loi. Il contrôle l'action du Gouvernement. Il évalue les politiques publiques. Il comprend l'Assemblée nationale et le Sénat), le bicamérisme est un des fondements de notre démocratie, un pilier de sa stabilité.

Les propos de Victor Hugo, « La France gouvernée par une assemblée unique, c'est-à-dire l'océan gouverné par l'ouragan », n’ont que plus de sens avec l’application du quinquennat. Avec le renouvellement de l’Assemblée Nationale dans le prolongement de l’élection présidentielle, les députés élus sont majoritairement favorables à l’exécutif. L’hypothèse d’une cohabitation, d’une voix différente, est aussi improbable que contre-naturelle, l’avenir proche nous le dira et les invectives d’un leader d’union feront indubitablement long feu.

Cette autre voix est par conséquent incarnée par le Sénat. Comme l’a dit justement, le 1er décembre 2020, le président du Sénat Gérard Larcher, « le bicamérisme est l’assurance d’une chose essentielle : l’équilibre de la République ». Le Sénat s’insinue en modérateur, il améliore les actes législatifs par une délibération et une réflexion double. Cette tempérance s’est notamment illustrée en termes de liberté, lors des votes issus de la crise sanitaire de la Covid-19. Il ne saurait être question, dans une juste mesure, de contre-pouvoir face à l’Assemblée Nationale puisque le gouvernement peut lui donner le dernier mot mais d’une autre lecture, d’un partenariat constructif au pouvoir législatif, d’une complémentarité, d’un enrichissement raisonnable des textes soumis à son examen, à ses voix.

Les voix des territoires, les vôtres. « À l’assemblée nationale, c’est la démographie. Au Sénat, c’est la géographie » rappelait, non sans humour, le recteur-sénateur du Doubs Marcel Prélot (1898-1972). Nous, sénateurs, sommes les représentants des collectivités territoriales, les voix des conseillers municipaux, départementaux et régionaux. Indirectement, nous sommes la voix des citoyens et non celle du gouvernement. Indépendants de l’agenda présidentiel car élus pour six ans, ancrés dans les territoires, dont les 36 000 communes qui constituent notre principal collège électoral.

Malheureusement, de plus en plus de citoyens ne se sentent pas concernés par la représentation politique et il est à craindre que les élections législatives nous apportent une nouvelle preuve de ce désintérêt. Seul le suffrage municipal résiste un tant soit peu à la fièvre abstentionniste dont nous ne pouvons nous satisfaire. Il est urgent de remobiliser les électeurs pour éviter que chaque scrutin ne souffre d’un procès en légitimité, que les voix s’expriment dans la rue plus que dans les urnes. À l’instar du vote obligatoire que sont les élections sénatoriales, l’expression d’un droit doit-elle muer en l’imposition d’un devoir ? 

Réforme des retraites, accès aux soins, grand âge, pouvoir d’achat… sont autant de sujets qui seront débattus dans les deux hémicycles ces prochains mois. C’est au Parlement que respire notre démocratie, que se décident les orientations de notre société. C’est au Parlement que se discute l’implication de la France dans un conflit armé.

Depuis plus de cent jours, l’Ukraine subit les assauts de la Russie, une démocratie fait front face à une dictature belligérante, une menace pour notre Europe. Ne pas voter, c’est abdiquer.

Les 12 et 19 juin, votons pour élire nos députés.

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