Annick Billon
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Si on parlait programme !

Ces semaines passées ont vu la commémoration de deux catastrophes mémorables. Fukushima au Japon, Xynthia en Vendée. Au-delà de l'hommage aux victimes, auquel j'ai participé, qui s'est déroulé à la Faute-sur-Mer dans une grande dignité affichée par les familles, nous mesurons la place de l'homme, ses limites, dans cette Nature qu'il maltraite trop souvent avec les risques qui en découlent. Pour faire face, on légifère dans l'émotion. Favorable aux mesures proposées, en séance du Sénat, j'ai attiré cependant l'attention de mes collègues sur les limites des réactions émotionnelles et la nécessité de raisonner sur un plan d'ensemble pour mieux appréhender les risques.

Les événements nous maintiennent dans l'émotionnel, dans l'exacerbation, avec les déballages, les mises en cause personnelles, les attaques multidirectionnelles, toutes plus basses les unes que les autres, à la recherche de boucs émissaires, politiques, médias et tutti quanti. Il n'est pas question de gommer les erreurs, les anomalies, les faits qui heurtent la conscience populaire, chacun garde la maîtrise de son jugement, de l'appréciation de ses valeurs.
Mais quel est l'enjeu aujourd'hui ? Est-ce seulement les hommes ? N'est-ce pas de proposer à nos concitoyens des solutions pour sortir de la crise, des méthodes pour créer l'avenir de notre pays, de notre jeunesse, de l'Europe.
C'est un quasi choix de civilisation en face duquel nous sommes confrontés et il est d'une importance telle qu'il conditionnera, à minima, les décennies qui viennent.
C'est le choix d'intégrer dans les données de notre évolution l'ouverture au monde, inéluctable, et de définir les conditions compatibles avec notre civilisation, d'où nous venons, où voulons nous aller.
Alternative ; se replier, mais sur quoi ? Nos territoires ? Notre marché économique interne ? La Russie se replie sur un marché de 143 millions d'habitants, les USA sur 318 millions, la Chine sur près de 1,4 milliards !
Il faudrait sortir de l'euro, pour dévaluer, renforcer nos exportations. Mais toutes nos matières premières sont importées ! Là nous paierions au prix fort, nous serions confrontés, comme nous l'avons été par le passé, aux attaques spéculatives avec leurs incidences sur l'inflation et les taux d'intérêts.
Il faudra, dans la zone euro, rétablir les taux de change, les instruments financiers de protection contre les risques de dévaluation pour protéger importateurs et exportateurs, redonner aux banques, que l'on dit vouloir combattre, les moyens de peser plus sur nos entreprises.
Le repli c'est l'égoïsme, la perte de l'esprit de solidarité qui animait les fondateurs.
Pour certain l'euro n'est pas une monnaie ! Baliverne, une monnaie est un intermédiaire dans les échanges, une réserve de valeur et une unité de compte. C'est le cas de l'Euro.
De même monnaie et Nation ne pourraient être dissociées. C'est restreindre la vocation d'une monnaie et sa fonction de référence commune entre des individus ou des groupes d'individus. A ce titre l'euro est la référence de l'identité européenne.
Il faut cesser de considérer toujours l'Europe comme l'exutoire de nos difficultés, se départir du rejet de nos propres errements, il est temps de trier le bon grain de l'ivraie.
L'un des effets du repli se fait entendre, dans l'inquiétude des pays scandinaves, dans le renforcement des troupes américaines en Pologne, dans les prémices de réarmement dans les Balkans. Renforcement sous couvert de l'OTAN pour faire face aux ambitions affichées de la Russie. Raison de plus pour construire notre propre défense européenne.
Quel non-sens notre position divergente avec les autres états membres sur l'accueil de personnalité turque pour organiser un meeting sur notre sol ! Quel non-sens de laisser insulter nos partenaires et les laisser se faire traiter de fasciste, de nazi, sans se souvenir que ce pays était l'allié de l'Allemagne fasciste.
Quel non-sens de voir que le Brexit a été voté par une tranche de population qui a vécu 70 ans dans la Paix, sans connaître aucune des souffrances engendrées par les conflits, alors que la jeunesse britannique voulait préserver son avenir.
Est-ce que cela ne nous inquiète pas, est-ce que cela ne doit pas nous inciter, au contraire à poursuivre la construction de l'Europe, redéfinir les bases et les objectifs. Harmonisons les législations nationales, harmonisons les fiscalités, définissons des marges de fluctuation des taux d'imposition nationaux.
Entrer vraiment dans l'Europe ne consiste en aucun cas à abdiquer nos valeurs mais au contraire à les faire partager, il faut en avoir la volonté.
Alors fi des personnes, qui passent, regardons les programmes qui nous sont proposés pour préparer l'avenir, débattons, mais avec un esprit de construire et non de détruire. 

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