Le 3 septembre 2019 s’est tenu le premier Grenelle contre les violences conjugales. Un évènement attendu qui fait suite à la publication de plusieurs tribunes, dont une que j’ai rédigée le 5 juillet dernier dans le journal Libération et cosignée par plus de 150 de mes collègues.

Je me réjouis donc des mesures « d’urgence » annoncées par le gouvernement à la suite de ces négociations le 25 novembre 2019. Des actions qui rejoignent, par ailleurs, les recommandations que formule la délégation aux droits des femmes du Sénat depuis plusieurs années au travers de ses nombreux rapports d’information.

La suppression de l’autorité parentale en cas de condamnation pour violences intrafamiliales, la dispense de l’obligation d’aliment pour l’enfant en cas de retrait total de l’autorité parentale et son exclusion en cas de condamnation pour le meurtre ou l’assassinat de l’autre parent, ou encore l’instauration d’un bracelet anti-rapprochement dans le cadre d’une ordonnance de protection afin d’empêcher l’auteur des violences de récidiver, sont autant de mesures phares.

A cela viennent se greffer des mesures visant à :

  • Améliorer l’accueil des victimes au sein des commissariats ;
  • Réquisitionner les armes des conjoints visés par des plaintes ;
  • Renforcer le 3919 ;
  • Faire évoluer le secret médical ;
  • Renforcer la formation des professionnels ;
  • Reconnaître le statut de victime des enfants témoins de violences.

Cependant, la mise en œuvre de ces politiques publiques nécessite un financement massif. La libération de la parole doit être encouragée et appuyée par des ressources humaines et financières substantielles afin de garantir aux victimes un accompagnement adapté. Or, l’annonce d’un investissement de 360 millions d’euros par le Premier ministre est un chiffre qui reste trop faible et déconnecté de la réalité du terrain. Selon le milieu associatif, il faudrait environ 3 fois plus pour agir concrètement contre les violences faites aux femmes.

Une nouvelle fois, je déplore un hiatus entre les ambitions affichées par le Gouvernement dans le cadre de la « Grande cause du quinquennat » et la réalité des moyens annoncés à l’issue du Grenelle.

 

Photo Édouard Caupeil pour Libération

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