En Vendée, comme dans de nombreux départements, plusieurs communes ont célébré à leur manière le 75ème anniversaire de leur libération.
Le 28 août, j’ai assisté à la cérémonie organisée aux Sables d’Olonne. Parmi les personnes fidèles à ces instants de mémoire, je voudrais saluer l’engagement indéfectible de Marcel Hordenneau, résistant et déporté. À 97 ans, il continue d’animer des conférences dans les collèges et les lycées, il rappelle la barbarie nazie afin que celle-ci ne soit jamais reproduite. Je me permets de vous soumettre ci-dessous le discours qu’il a prononcé en ce 28 août.

À Dompierre-sur-Yon le vendredi 30 août, un ensemble d’animations et d’hommages se sont succédé tout au long de la journée. Parachutages, village militaire, exposition, cérémonies étaient au programme de la commémoration du 75èmeanniversaire du maquis R1 et des parachutages d’armes. Une journée tant animée qu’émouvante, notamment durant l’interprétation du « Chant des partisans » par Sarah, une jeune dompierroise.

Le 17 septembre, je représentais les trois sénateurs de la Vendée pour commémorer la libération de la Roche-sur-Yon.

 

Discours de Marcel Hordenneau, le 28 août 2019, Les Sables d’Olonne

Nous, derniers survivants des abattoirs humains nazis, n’étions pas là le 28 août 1944.

1940/1944, nous étions là, rageurs, refusant la défaite,

Nous étions là pour la France, soldats sans uniforme,

Nous étions là, recherchés, traqués dans un pays vaincu,

Nous étions là, livrés autant par des voisins que par nos maladresses,

Nous étions là, matraqués, torturés, sous les rires des bourreaux,

Nous étions là, hurlant nos peurs dans la nuit des prisons,

Nous étions là, entassés, écrasés, étouffés dans les wagons plombés,

Nous étions là-bas, dans ces sinistres camps, terrible image de la folie des hommes,

Nous étions là-bas, brisés, humiliés, affamés devant le bidon de soupe claire,

Nous étions là-bas, battus, abattus, impuissants, esclaves des plus forts,

Nous étions là-bas, agonisants, regardant notre avenir dans la fumée des crématoires,

Nous étions là-bas, ignorés, oubliés, perdus dans ces bagnes cachés.

Et nous sommes revenus, quelques-uns,  quelques-uns seulement…

Nous restons aujourd’hui quelques-uns, à peine quelques-uns…

Nous ne pouvons pas nous taire car nous sommes la voix des amis disparus.

Nous ne pouvons pas nous taire car l’oubli du passé crée de tragiques malheurs,

Car des hommes, aujourd’hui, grondent aussi leur détresse.

De pauvres gens fuient leurs pays dans des bateaux de fortune.

Tous nos médias projettent l’image abominable de nouvelles tueries.

Nous percevons des mots claquant comme des blasphèmes,

Les mêmes mots chargés de violence et de haine clamés par nos geôliers.

Nous voulions, après notre retour, créer une société de fraternité et de liberté,

Une société dans laquelle le bonheur que l’on cherche, c’est celui que l’on donne.

Mais ce n’était pas le bonheur proclamé par une idéologie fabriquant des « Auschwitz »,

Ce n’était pas le bonheur proclamé par une idéologie fabriquant des « Goulag »,

Ce ne sera jamais celui promis par ceux qui laissent des êtres humains se noyer,

Ces pauvres gens, ces familles qui fuient leur pays de misère et de cruauté

Sont les très arrières-petits enfants des soldats d’Afrique qui mouraient pour la France

Par régiments entiers en 14-18 sur la Somme, au Chemin des Dames, à Verdun.

Les arrière-petits enfants des soldats africains de l’armée De Lattre

Qui débarquaient en Provence, remontaient le Rhône jusqu’aux Vosges       

Pour s’y battre dans des combats meurtriers et traverser le Rhin en 1945

Afin de délivrer les derniers survivants français des camps nazis d’épouvante

Où nous donnions notre ultime souffle de vie au milieu des amoncellements de cadavres.

Leurs arrière-petits enfants ne nous demandent pas de mourir pour eux,

Seulement de les accueillir, au moins d’éviter qu’ils se noient dans leurs bateaux de fortune.

En ce 75e anniversaire de commémoration de la Libération des Sables d’Olonne

Et du Débarquement de la Première Armée Française en Provence,

Je n’oublie pas que leurs arrières-grands-parents sont morts pour nous, un 28 août 1944.

Si notre pays n’entendait pas l’appel angoissé de leurs arrières-petits enfants, 

Je ne pourrais jamais crier « Vive la France » en terminant un discours.

Merci d’être venus ici, «Place de la Liberté», ce 28 août 2019

Pour se souvenir que l’on ne construit pas du bonheur sur le malheur des autres.

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