Le 10 janvier dernier, j’étais venue à Saint-Martin-des-Noyers à la rencontre du conseil municipal. Monsieur le Maire me vantait la commune, 600 hectares de forêts et bois à proximité de la Roche-sur-Yon et Nantes. Il fait bon vivre à Saint-Martin-des Noyers, me disait-il. Il faut croire que c’est vrai puisque j’y suis retourné !

S’il fait bon y vivre, la municipalité ne se laisse pas vivre pour autant puisque, ce mercredi 28 août, ce ne sont pas une réalisation mais trois extensions, rénovations ou réhabilitations qui ont été inaugurées en cette veille de rentrée. 

Quelques jours après, les écoliers de Saint-Martin-des-Noyers reprenaient le chemin de l’école et allaient découvrir leur nouveau restaurant scolaire, un lieu réhabilité avec plus d’espace et donc de confort. Il est important d’accorder une attention particulière à la restauration scolaire. Le bâtiment en fait partie, notamment l’insonorisation qui permet aux élèves de déjeuner calmement et au personnel de bénéficier de bonnes conditions de travail. La qualité du bâtiment, donc, et, naturellement, la nourriture. Il faut savoir que la sous-alimentation représente environ 3 % en France. Ramené à Saint-Martin qui accueillait 290 élèves l’an dernier, ça représente statistiquement une petite dizaine d’enfants qui ne mange pas à sa faim chez lui, d’où l’importance de la restauration scolaire. En fin d’année 2018, nous avons voté la loi Egalim, contraction de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible. Si cette loi n’est pas parfaite, elle apporte cependant des avancées concernant la restauration collective et scolaire. Il est entre autres question de soutien à l’approvisionnement local, de produits bio, de commerce équitable, de diversification des protéines, de la sortie du plastique et de la lutte contre le gaspillage alimentaire. La cantine participe à l’éducation des adultes de demain : des bons gestes en faveur de l’environnement, une éducation au goût avec des menus variés, équilibrés. 

La bibliothèque, autre lieu à l’honneur ce 28 août, participe également à l’éducation des enfants. Elle n’est pas seulement un lieu de culture ou de connaissances, elle est un lieu de vie, de cohésion sociale. L’action des bibliothèques est une composante majeure pour réduire les fractures sociales, comme la cantine apporte une réponse à la sous-alimentation.

La bibliothèque participe par ailleurs à la revitalisation d’un centre-bourg. Dans le rapport "Voyage au pays des bibliothèques, lire aujourd'hui, lire demain", Érik Orsenna encourage, lors de la rénovation ou construction de nouvelles bibliothèques, la mutualisation d’espaces avec des services intervenant dans le champ de la cohésion sociale (PMI, CCAS, Pôle emploi) et les maisons de services au public. Il préconise également de développer une approche des réseaux de lecture publique, notamment dans les zones rurales, en encourageant le développement de la compétence des intercommunalités dans ce domaine. Dans de nombreuses petites communes, la bibliothèque est souvent le seul équipement culturel de la collectivité, il faut donc veiller à l’intégrer dans le réseau de la politique culturelle en développant des partenariats entre les acteurs culturels territoriaux et nationaux. L’enjeu est double : Apporter une offre culturelle plus importante et diversifiée d’une part, amener un autre public vers la bibliothèque d’autre part. Créer ou agrandir une bibliothèque est une sorte de résistance à un monde moderne individualiste et connecté. Cela étant, la bibliothèque vit avec son époque et le multimédia, elle permet de réduire la fracture numérique car elle peut être aussi l’unique accès à un ordinateur et à internet pour certaines personnes. 

S’il est dit qu’un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. Par extension, une bibliothèque qui s’ouvre ou se transformet est une promesse d’éternité.

Et puisqu’il est question d’éternité, la transition est toute faite pour évoquer les travaux concernant l’église. Église qui, sans faire de prosélytisme, participe également à l’éducation des enfants. Bien que catholique, je n’en suis pas moins laïque en ma qualité de sénatrice. Il ne saurait être question d’apprentissage dans mes propos, l’église participe à l’éducation en ce sens qu’elle est un témoin de notre civilisation, de notre histoire, de notre culture. Un témoin qui, s’il peut être quelquefois encombrant ou imposant, est très souvent dispendieux pour une municipalité.

Le récent incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris a suscité un émoi sans précédent dans notre pays. Un pan de notre histoire, un symbole de notre pays était ravagé par les flammes. Les braises fumaient encore que le financement de sa restauration était assuré grâce à une solidarité inédite, un élan de générosité à la hauteur du symbole que représente ce lieu de culte, ce site également touristique, le plus visité d’Europe. Le Sénat a voté le projet de loi pour la conservation et la rénovation de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Faisant fi des critiques à vouloir légiférer dans la hâte, nous nous sommes efforcés d’apporter au texte une mesure nécessaire afin que l’incendie de Notre-Dame ne devienne un brasier, une politique de terres brûlées dans laquelle tout deviendrait possible, de la défiscalisation à la défiguration. Je citerai notamment la suppression de l’article 9 qui permettait de déroger au code de l’urbanisme, au code du patrimoine, au code de l’environnement, au code des marchés publics, au code des bonnes manières et du bel ouvrage en somme.

Si le malheur peut engendrer de l’espoir, le drame de Notre-Dame doit nous amener à reconsidérer le financement de la restauration et l’entretien des lieux de culte, sans pour autant réviser la loi de 1905 régissant la séparation de l’État et des églises.

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