Vendredi 5 octobre, je me suis rendue à la maison des communes de l’Île de Noirmoutier pour échanger avec des sauniers de l’île et mieux appréhender une menace que m’avait présentée, quelques semaines auparavant, Noël Faucher, Maire de Noirmoutier-en-l’Île et Président de la communauté de communes de l’Île de Noirmoutier.

Dans un premier temps, en compagnie de Noël Faucher et Marie-France Léculée, Maire de La Guérinière, nous avons rencontré deux représentants de la coopérative de sel Aquasel, Hervé Zarka et Anne Paille. Puis, dans un deuxième temps, Nicolas Garnier et Florence Burneau du Syndicat des Sauniers de Noirmoutier.

Accord sur la menace

Après avoir déposé un dossier en 2016, la Camargue a obtenu le 13 mai 2018 de l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine) l’enregistrement d’une reconnaissance IGP (Indication Géographique Protégée) « fleur de sel de Camargue ». Or, les producteurs de sel de Noirmoutier et de la côte Atlantique (Guérande, Ré) s’accordent à considérer cette IGP comme abusive et trompeuse pour le consommateur. Le mode de production et de récolte de la fleur de sel sur la côte Atlantique et en Camargue n’ont rien à voir, il ne s’agit pas du même produit, d’un côté l’artisanat, la récolte manuelle à fleur d’eau, et de l’autre l’industrie, la pelle mécanique au fond du bassin.

Au-delà du produit différent dans sa composition, le coût de revient est bien moindre en Camargue et la production est plus conséquente. Cela sous-entend un prix de vente en forte baisse et une capacité d’inonder le marché d’une fleur de sel injustement associée, dans l’esprit du consommateur, à l’image du saunier qui récolte l’or blanc en ramenant la lousse. Or, la « fleur de sel » Atlantique, de qualité reconnue, représente la moitié du revenu des exploitations artisanales. En d’autres termes, l’IGP « fleur de sel de Camargue » est considérée comme une concurrence déloyale qui pourrait entraîner une banalisation du produit artisanal et, à terme, une menace économique sur les exploitations, un impact écologique sur les marais.

Désaccord sur la réponse

Si les sauniers se considèrent unanimement au pied du bassin face à l’IGP « fleur de sel de Camargue », des actions sont en réflexion pour s’y opposer mais les avis divergent. La création du label STG (Spécialité Traditionnelle Garantie) « Fleur de Sel », signe d’identification à l’échelle de l’Union Européenne, rendrait caduque l’IGP nationale. La coopérative de sel, avec le soutien de Vendée Qualité, est favorable à cette démarche. Le syndicat des sauniers, composé exclusivement de sauniers indépendants, n’y est pas favorable car elle imposerait une charge financière importante pour obtenir et conserver la labellisation au travers d’expertises et de missions de contrôle.

Il est vrai que le remède ne peut être pire que le mal mais le temps n’est plus à la tergiversation. Le 21 septembre, le Conseil Départemental a voté une motion pour défendre la fleur de sel et les sauniers de l’Atlantique. Élus et producteurs se mobilisent pour une juste reconnaissance d’un produit de qualité, d’un savoir-faire artisanal qui ne doit pas être bradé face aux pressions des industriels de Camargue.

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