Samedi 29 juin, le monde de l’apprentissage avait rendez-vous à la Roche-sur-Yon pour la finale du concours « un des meilleurs apprentis de France ».

Il y a plus d’un an, une réception était donnée à l’hôtel du département de la Vendée en l’honneur des médaillés d’or vendéens du concours national des meilleurs apprentis de France. Et déjà Jean-Paul Élineau m’informait de cette finale nationale en Vendée, une première à l’échelle des Pays de la Loire.

Je sais l’importance que Jean-Paul Élineau, président départemental des meilleurs ouvriers de France depuis 25 ans et maire de Commequiers, accorde à ce concours et, d’une manière générale, à l’accompagnement des jeunes générations, à la transmission du savoir. Même si cette attention envers les futurs professionnels est un des principes de la charte des meilleurs ouvriers de France, je tiens à souligner son implication, son engagement sincère et désintéressé depuis toutes ces années.

Les meilleurs apprentis de France ont été départagés par un jury composé des meilleurs ouvriers de France. 442 œuvres qui témoignent du savoir-faire, de l’originalité, de l’audace, du professionnalisme de jeunes apprentis déjà grands, la relève de l’excellence.

Car c’est ainsi qu’est considérée l’apprentissage, filière d’excellence. Dans un récent article, Jean-Paul Élineau parle de « l’intelligence de la main ». Au Sénat, nous avons voté l’an dernier le projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel. Il fut notamment question de l’apprentissage, de la volonté de rendre cette voie plus attractive pour les jeunes, plus simple pour les employeurs. Chaque année, depuis 19 ans, le Sénat organise les rencontres sénatoriales de l’apprentissage, en lien avec la chambre des métiers et de l’artisanat. Nous sommes tous conscients de la valeur ajoutée de ces formations mais, trop souvent, « pas pour mon enfant ».

En France, manuel veut dire échec, il ne faut pas se voiler la face. Récemment, je suis allée à la rencontre de Rémi Pascreau, le directeur de la MFR de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Il me faisait cette remarque : « le plus dur dans la formation, c’est l’accueil des CAP ». Parce qu’avant d’être une filière d’excellence, l’apprentissage est trop souvent associé à une voie de garage, une autoroute pour les derniers de la classe. Le plus dur est d’amener les élèves, pour certains en situation d’échec ou confrontés à un manque aigu de confiance en eux, à trouver la réussite. Et quand les formateurs y parviennent, il faut presque freiner les élèves ensuite pour qu’ils arrêtent les études ! CAP, bac pro, BTS, licence.

Le problème n’est pas l’apprenti ou l’élève d’une formation professionnelle, le problème c’est l’enseignement qui n’est pas prévu pour les intelligences manuelles. Il y a les forts en math et les autres, la hiérarchie se dessine autour de l’abstrait et non sur le concret dans lequel tous les apprentis qui concourent excellent, ce concret qui leur permet de représenter la France. S’il était besoin d’une preuve que l’apprentissage est bien la marque d’une intelligence, c’est que la remise des prix nationaux se déroule à la Sorbonne !

Nous manquons de professionnels partout en France, de personnes capables de réaliser ce qu’un homme, ou une femme, dit savant ignore. Il est, à mon avis, nécessaire de ne plus opposer l’intellectuel et le manuel puisque les deux se complètent. Un énarque aura inventé l’eau chaude mais elle ne coulera du robinet qu’avec la connaissance, le savoir, l’intelligence du plombier.

Il est nécessaire de ne plus opposer, comme il est nécessaire, impératif même, de pérenniser le fonctionnement et le financement de la formation professionnelle, de l’apprentissage. Plusieurs acteurs de l’apprentissage en Vendée m’ont m’alertée sur le nouveau système de financement. Le 29 mai, à l’occasion d’un débat sur l’avenir de l’enseignement professionnel, j’ai interrogé en séance le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse sur ce sujet d’inquiétude. Faute d’une réponse satisfaisante, j’ai adressé une nouvelle question écrite à la ministre du travail Muriel Pénicaud. Je vais suivre de près ce dossier en ma qualité de membre de la commission culture, éducation et communication, mais aussi et avant tout car je suis convaincue de l’intérêt de l’apprentissage, filière d’excellence et garant d’un métier, d’un emploi, d’une carrière.

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