Annick Billon
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Pouvoir numérique

Proposition de loi visant à instaurer une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne ; projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique ; commission d’enquête sur l’utilisation du réseau social TikTok, son exploitation des données, sa stratégie d’influence. Il a beaucoup été question des nouvelles technologies de l’information ces dernières semaines au Sénat.

Alors que ces outils constituent notre quotidien, nous prenons plus facilement conscience de leur impact positif que de leur puissance négative. Nous sommes joignables partout, tout le temps, nous avons accès à des connaissances encyclopédiques en un clic. Rien ne nous échappe puisque nous sommes connectés au monde en permanence, en temps réel et gratuitement. Avec l’intelligence artificielle, nous franchissons même une étape supplémentaire qui ouvre des perspectives infinies... comme l’écriture de cet éditorial peut-être.

Or, le pouvoir ne se donne mais se prend. Chaque jour qui passe nous rappelle cet adage et démontre avec force la capacité de nuisance potentielle des réseaux sociaux, de l’internet. Désinformation, harcèlement, accès à des contenus illicites, les dangers sont aussi étendus que la toile et nous imposent de légiférer pour protéger les plus faibles. Pour nous protéger.

La « commission TikTok » à laquelle j’ai contribué constitue un exemple édifiant des dérives contre lesquelles nous devons lutter. Dans l’avant-propos du rapport, nous déclarons que TikTok se distingue des autres plateformes numériques « par deux aspects essentiels : son algorithme très « addictif » et, malgré des efforts constants pour le dissimuler, ses liens persistants avec la Chine et ses autorités, qui font peser certains risques sur les utilisateurs et, plus largement, sur les démocraties ». Pouvons-nous décemment laisser nos enfants utiliser cette application en connaissance de cause ?

Pouvons-nous accorder l’accès à des contenus pornographiques avec pour seul filtre une interrogation sur la majorité ? Comme je l’évoquais en séance, contourner l’accord parental est bien plus simple que de copier la signature d’un parent sur un mauvais devoir. Ces questions furent au cœur des discussions sur les deux textes de loi en lien avec le numérique. Des recommandations de notre rapport « Porno, l’enfer du décor » ont été reprises dans leur écriture et trois amendements que j’ai déposés ont été adoptés.

Les informations circulent toujours plus vite, actualité rime avec immédiateté, et la désinformation s’engouffre d’autant plus facilement que l’action précède la réflexion. Si besoin était, la crise de la Covid illustre parfaitement ce constat qui apporte son lot de complotisme, engendre des violences inédites. Nombre d’évènements récents puisent leur source dans les réseaux sociaux et leur imperméabilité avec l’information fiable en décuple les conséquences. Notre société ne s’accorde plus la sagesse du temps long.

À compter du 25 août, un nouveau règlement européen autorisera la coupure de réseaux sociaux qui ne supprimeraient pas rapidement les contenus jugés problématiques. Je suis convaincue que la lutte contre les dérives de l’internet ne sera efficace que si elle est appliquée à l’échelle internationale. Ce nouveau règlement viendra en renfort des textes que nous venons de voter mais il importe que le remède ne soit pas pire que le mal. La frontière entre la censure et la protection des usagers est une donnée relative à laquelle il conviendra de demeurer vigilant.

Cela étant, que vous optiez pour le GPS ou la carte routière, je vous souhaite de bonnes vacances en famille ou entre amis. Puissiez-vous profiter de ces instants pour déconnecter.

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