Ouest France
La navigatrice Clarisse Crémer, 12e du dernier Vendée Globe, a été évincée par son sponsor. Elle bénéficie de soutiens et d’une pétition.
C’est la polémique qui agite le monde de la voile depuis quelques heures. Jeudi 2 février, Clarisse Crémer a été écartée par le Team Banque Populaire, en vue du prochain Vendée Globe. La cause ? En raison du nouveau règlement édicté par l’organisation, qui impose un certain nombre de miles à parcourir pour se qualifier, le sponsor a considéré que la skippeuse ne serait pas en mesure de relever ce défi, de par le retard qu’elle a pris. Or, cette dernière avait dû mettre sa carrière entre parenthèses, puisqu’elle est devenue maman, en décembre 2022.
« Choquant », « injuste », « regrettable »…
« Aujourd’hui, force est de constater que les règles choisies par le Vendée Globe interdisent à une femme d’avoir un enfant », a déploré Clarisse Crémer, dans un post Instagram, en date du 2 février. Et de dénoncer l’attitude de son sponsor, évoquant un « “risque” qu’il ne souhaite finalement pas courir. » Si le président de la course, Alain Leboeuf, a mis en avant l’impossibilité « de changer la règle du jeu en cours de partie », Banque Populaire a justifié sa décision« afin de garantir l’avenir du projet sur le prochain Vendée Globe, au regard des investissements humains (constitution d’une équipe) et financiers (acquisition d’un bateau) […] » et « par un retard irrattrapable ».
Sur les réseaux sociaux, cette décision n’a pas manqué de faire réagir. De nombreux anonymes ont fait part de leur mécontentement. « Très choquant et injuste. Quel terrible message envoyé à toutes les sportives et aux femmes en général », écrit Patricia Chapeau. « Clarisse Crémer a été brillantissime lors du dernier Vendée Globe […] Mais elle a fait un bébé, l’“erreur” », ironise Blandine Damour. « Il y a donc une différence entre un homme qui ne peut pas “accoucher” et une femme qui désire une vie de maman… Pourquoi avoir changé les règles des qualifications en 2021 ? », questionne encore Laurent Goalec.
Sur Twitter, la députée de la quatrième circonscription de Vendée, Véronique Besse, a apporté son « total soutien à Clarisse Crémer, abandonnée par son sponsor car elle vient d’avoir un enfant… Ce type d’attitude ne sert pas ses auteurs ».
Dans un communiqué, la sénatrice de Vendée, Annick Billon a trouvé « regrettable que la rupture s’opère suite à une maternité ». L’élue a affirmé avoir alerté la ministre des Sports sur la situation des sportives de haut niveau. « Trop d’exemples nous montrent que les femmes sont contraintes de reporter une éventuelle maternité à l’issue de leur carrière sportive. Dans le sport, comme dans les postes d’encadrement en entreprise, le désir d’enfant est opposé à la performance. »
Preuve que cette décision fait réagir, une pétition en ligne a été créée et relayée massivement sur les réseaux sociaux. Elle réclame que Clarisse Crémer participe au prochain Vendée Globe 2024. Ce vendredi soir, elle comptait aux environs de 400 signatures.
Huguo PIGEON.