Annick Billon
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Dans le sillage des priorités définies en 2018 par la Présidence canadienne, l’égalité entre les femmes et les hommes constitue un thème majeur de la Présidence française du G7. La délégation a donc souhaité entendre l’ambassadrice du Canada en France ainsi que les représentants de la société civile et les membres du Conseil consultatif pour l’égalité entre les femmes et les hommes, associés à la préparation du Sommet de Biarritz d’août 2019.

« Notre délégation est particulièrement engagée pour soutenir les associations et ONG qui, en France et partout dans le monde, sont des actrices incontournables de la lutte contre les inégalités entre les hommes et les femmes et du combat contre les violences faites aux femmes et aux filles », a fait observer Annick Billon, présidente de la délégation, en ouvrant la réunion. « C’est donc pour nous une satisfaction particulière de voir que la société civile est associée à la préparation du Sommet de Biarritz », a-t-elle poursuivi.

Isabelle Hudon, ambassadrice du Canada, est revenue sur la Présidence canadienne de 2018 et sur la volonté du Premier ministre, Justin Trudeau, « d’imposer » l’égalité femmes-hommes à « tous les moments critiques et stratégiques de la préparation et de la tenue du G7 ». Elle a témoigné des modalités de la mise en place du Conseil consultatif pour l’égalité entre les femmes et les hommes, dont elle a elle-même assuré la co-présidence en 2018, estimant que cette structure alors inédite avait contribué à créer un « environnement fertile » ayant conduit à des engagements concrets des chefs d’État et de gouvernement en faveur de l’éducation des filles, notamment dans les pays en développement.

 Dans cette dynamique, l’ambassadrice s’est réjouie que la Présidence française ait donné une « deuxième année de vie » à ce conseil et ait souhaité poursuivre l’engagement canadien en faveur des droits des femmes et des filles.

Aurélie Gal-Régniez, directrice exécutive de l’ONG Equipop, a fait observer qu’« historiquement le G7 n’[avait] pas considéré les enjeux sociaux, et encore moins l’égalité entre les femmes et les hommes, comme prioritaires ». Elle a rappelé l’importance du rassemblement mondial des associations et ONG engagées dans la défense des droits des femmes et des filles, organisé à Paris en mai 2019 dans le cadre du mouvement Women 7. Estimant qu’« aucun pays ne pouvait aujourd’hui se targuer d’avoir atteint l’égalité femmes-hommes », elle a fait valoir que « les perspectives féministes peuvent renouveler le regard politique au moment où il est urgent de trouver des alternatives politiques ». « Il est temps de passer aux actes » pour progresser vers l’égalité, a-t-elle souligné, et pour faire en sorte que les politiques publiques prennent systématiquement en compte les besoins des femmes, partout dans le monde. Regrettant l’« environnement précaire » dans lequel œuvrent les associations de terrain pour promouvoir les droits des femmes et des filles compte tenu de la faiblesse des financements qui leur sont attribués, elle a insisté sur la nécessité d’associer le mouvement W7 à la réunion des ministres des finances du G7, ce qui, a-t-elle noté, n’est à ce jour pas envisagé.

 « Il y a un vrai devoir d’exemplarité de la part des pays du G7 et de la part de la France » pour susciter une dynamique de l’égalité, a souligné Sophie Chassot, chargée de plaidoyer au sein de l’ONG Care France. Rappelant que les associations et ONG sont des partenaires incontournables de la « diplomatie féministe » engagée par le Gouvernement français, elle a regretté qu’aucun espacé dédié à la société civile ne soit prévu dans le cadre du Sommet de Biarritz. Sophie Chassot est ensuite revenue sur les attentes du Women 7 s’agissant des ressources financières indispensables pour intégrer les droits des femmes et des filles dans toutes les politiques publiques ‑ éducation, santé, accès à l’autonomie économique, lutte contre les violences… Elle a souligné la nécessité de mettre en place un mécanisme de « redevabilité » pour s’assurer que les engagements pris par les États dans le cadre du G7 soient « tenus, mis en œuvre, financés ».

Grégoire Théry, secrétaire général du Mouvement du Nid et directeur exécutif de CAP international, a souligné le niveau d’expertise et la « diversité » des membres du conseil consultatif, dans lequel siègent, a-t-il rappelé, deux lauréats du prix Nobel de la paix, Nadia Murad et Denis Mukwege. Il a indiqué que le conseil travaillait à « identifier de façon indépendante des États une série de lois illustratives de l’égalité entre les femmes et les hommes », susceptibles de constituer des exemples dont pourraient s’inspirer d’autres pays dans le cadre du « partenariat de Biarritz ». Il a précisé que le conseil avait pris l’initiative d’étendre cette mission aux « conditions d’effectivité des lois » et à l’« environnement favorable qui permet de les mettre en œuvre » à travers les aspects cruciaux que sont selon lui le financement, la formation des professionnels et le soutien des associations de terrain. Il a par ailleurs souligné la nécessité pour les États de promouvoir l’égalité au cœur de leur diplomatie et de toute négociation bilatérale, par exemple en introduisant une « conditionnalité politique et financière » dans leurs relations avec les pays ne respectant pas les droits des femmes et des filles. Revenant par ailleurs sur le fond de 120 millions d’euros attribué par la France aux associations des pays du Sud engagées dans le domaine de l’égalité entre femmes et hommes, Grégoire Théry s’est inquiété des délais qui risquent de compromettre l’effectivité de l’aide annoncée en février 2019 et de ralentir son attribution aux acteurs locaux.

Michèle Vianès, présidente de l’association Regards de femmes, a relevé deux points absents des recommandations de W7 adoptées en mai 2019 à Paris :

- l’absence de déclaration à la naissance de centaines de millions de femmes et de filles dans le monde, qui sont de ce fait « dépourvues du droit fondamental, celui qui permet l’accès à tous les autres droits : l’identité juridique » : deux femmes sur trois, dans les régions rurales, sont concernées, a-t-elle souligné, insistant sur la gravité des violences (trafics d’organes, travail forcé, mariage précoce, violences sexuelles) dont sont victimes ces millions d’« enfants fantômes » privées d’état-civil ;

- l’« absence de consensus […] sur les droits sexuels et reproductifs ». À cet égard, Michèle Vianès a commenté la régression actuellement constatée sur ces sujets dans les instances internationales, y compris en ce qui concerne l’accès à l’IVG des victimes de viols de guerre, regrettant la « mondialisation de la réaction » liée aux « alliances, à l’ONU, entre extrémismes politiques et religieux ».

Au terme de ces échanges, Annick Billon a jugé souhaitable que la délégation poursuive cette table ronde par une réflexion sur les violences faites aux femmes dans les conflits armés, problématique dans laquelle s’est inscrit le G7 lors de la réunion des ministres des affaires étrangères de Dinard, en avril 2019. Elle s’est référée à un précédent travail de la délégation publié en 2013 : « six ans plus tard, l’actualité internationale nécessite une nouvelle réflexion de notre délégation ».

Pour aller plus loin, consulter :

- La vidéo de la table ronde : http://videos.senat.fr/video.1218560_5d09655e9767d.audition-pleniere---reunion-du-g7

- Le rapport de la délégation sur les droits des filles : http://www.senat.fr/notice-rapport/2018/r18-262-notice.html

- La résolution adoptée par le Sénat sur les droits des filles : http://www.senat.fr/leg/tas18-080.html

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