Les navigatrices du Vendée Globe au Sénat pour parler mixité et égalité
La délégation aux droits des femmes du Sénat a auditionné, ce jeudi 20 mai, les navigatrices du Vendée Globe 2020-2021 sur les thèmes de la mixité et de la parité.
Elles ont été accueillies par le président du Sénat Gérard Larcher qui tenait à les saluer personnellement.
La sénatrice Annick Billon, présidente de la délégation aux droits des femmes, se réjouit d’avoir pu recevoir, comme elle s’y était engagée avant le départ du Vendée Globe, « des navigatrices inspirées et inspirantes pour les femmes, les jeunes générations. Ces femmes ordinaires ont accompli des choses extraordinaires. Je salue leur détermination, leur motivation et l’énergie qu’elles ont déployée pour affronter les obstacles, monter un projet Vendée Globe, prendre le départ et rentrer aux Sables d’Olonne après plus de trois mois de mer ».
Sport mixte
La voile fait partie, avec l’équitation notamment, des rares sports mixtes. Plusieurs problématiques évoquées par ces navigatrices font écho aux sujets traités par la délégation aux droits des femmes : 10 ans de la loi Copé-Zimmermann, femmes et ruralité… Il est question d’accès aux postes à responsabilité, de crédibilité, de masculinité des environnements, de parité… En politique comme dans la course en équipage, l’instauration de quotas fait débat. Absente en raison de la préparation de « The Ocean Race Europe » (départ le 29 mai de Lorient), Clarisse Crémer explique dans une vidéo qu’elle a intégré l’équipage de Thomas Ruyant. Cette régate a « la particularité déconcertante d’obliger les équipages à avoir une femme à bord. Donc, je suis donc la femme […] »
Paradoxalement, la recherche d’un sponsor peut s’avérer quelquefois moins difficile parce que les femmes sont moins nombreuses sur un ponton, « cette situation d’inégalité nous sert », remarque Isabelle Joschke.
Égalité des chances
Contrairement à la course en équipage, l’égalité ne fait pas véritablement débat dans la course en solitaire. Selon Pip Hare, « le Vendée Globe est si dur que les hommes et les femmes s’affrontent sur un pied d’égalité ». La véritable différence se ferait sur l’accès à des projets compétitifs en termes sportifs : Tous les bateaux neufs engagés sur l’édition 2020 du Vendée Globe étaient barrés par des hommes.
Horizon Mixité
Isabelle Joschke a créé l’association Horizon Mixité en 2012 pour « promouvoir la mixité dans tous les domaines de la société. Les problèmes demeurent les mêmes en politique, dans le monde de l’entreprise ou ailleurs ».
À partir de la course au large, l’association s’appuie sur trois axes : Inspirer, impliquer (les hommes dans la démarche, « la base »), éduquer (dès le plus jeune âge). Bien que prônant la mixité, elle explique que l’association propose également des navigations en équipage exclusivement féminin pour aider les femmes à prendre leur place. « Dans un équipage mixte composé de débutants, les femmes ne vont pas chercher les postes stratégiques avant d’avoir acquis les compétences ».
L’audition a été menée en collaboration avec le groupe d’études Pratiques sportives et grands événements sportifs. Son président, le sénateur de l’Isère Michel Savin, fait un parallèle avec [sa] montagne et les femmes qui affrontent les grands sommets, « vous êtes des exploits sportifs avant tout ! »
À l’issue de l’audition, la sénatrice Annick Billon a remis une médaille du Sénat à chacune des navigatrices. « Vous servez l’égalité et la mixité, vous vous engagez dans de nobles causes en parallèle de votre projet sportif, vous partagez vos exploits avec de nombreux enfants. Vous êtes un exemple pour des générations qui construiront le monde de demain dans l’inspiration de votre sillage ».
Elles ont dit :
« En mer, nous pouvons trouver une égalité qui n’est pas souvent présente dans de nombreux aspects de la vie » (Pip Hare)
« La compétition c’est ma vie, mais elle n’aurait pas le même goût si je ne peux y attacher des challenges pour préserver notre jolie planète bleue et pour l’éducation » (Alexia Barrier)
« C’est parce que je suis une femme que j’ai eu la chance de faire le Vendée Globe en 2008 (…), que j’avais pu disputer le trophée Jules Verne à 22 ans » (Samantha Davies)
« Il existe une vraie solidarité entre les femmes qui font des choses incroyables » (Samantha Davies)
« Quand on est une femme, il est plus simple de naviguer en solitaire. Imposer un quota est la solution la plus intéressante pour faire naviguer des femmes en équipage » (Alexia Barrier)
« En solitaire, c’est tellement dur pour tout le monde que les petites différences en force physique se font largement rattraper par la force mentale. Et c’est là, je pense, que nous, les femmes, avons un petit avantage » (Samantha Davies)
« Ce n’est pas facile de prendre notre place dans un monde d’hommes sans dénaturer notre féminité. C’est un enjeu de s’assumer en tant que femme et dans cette différence » (Isabelle Joschke)
« Cela reste toujours un risque de sponsoriser une femme. Si jamais un homme est perdu en mer, c’est une tragédie pour le sponsor et pour tout le monde. Si une femme est perdue en mer, c’est une catastrophe » (Miranda Merron)
« J’espère que nous encourageons beaucoup de femmes et de filles à nous suivre mais il y a également beaucoup de garçons qui ont envie de faire le Vendée Globe. Il ne faut pas séparer les femmes et les hommes » (Miranda Merron)