AU SENAT
Féminicide : Annick Billon interpelle le Gouvernement
Le 7 mars dernier, à l’occasion de la session de questions au Gouvernement et à la veille de la journée internationale du droit des femmes, j’ai interpellé la secrétaire d’Etat en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes sur la question hautement préoccupante des féminicides commis chaque année en France.
Le taux de femmes tuées s’est accéléré de façon inquiétante depuis le début de cette année. Depuis janvier 2019, elles sont 45 femmes à avoir été tuées par leur conjoints ou ex conjoints. C’est deux fois plus que l’année précédente à la même période. En France environ 225 000 femmes sont victimes de violences conjugales physiques ou sexuelles. Alors qu’en 2018, dans le sillage de l’affaire Weistein, les plaintes pour viol avaient augmenté de près de 17% et celles pour agressions sexuelles d’environ 20%, le nombre de condamnations effectives continue de stagner.
Selon le HCE seuls 80 millions d’euros des crédits, sur les 420 pour l’égalité, sont alloués chaque année à la lutte contre les violences faites aux femmes. Il faudrait 5 fois plus de moyens pour pouvoir lutter efficacement contre ce fléau. Or, avec 0.0066 % du budget, aujourd’hui la grande cause du quinquennat représente le plus petit budget de l’Etat.
Par ailleurs, la formation des personnels de police sur l’accueil des victimes n’en n’est qu’à ses balbutiements et la délivrance d’ordonnances de protection par les juges aux affaires familiales, en principe accessibles à toutes les victimes de violences conjugales sans nécessité de dépôt de plainte préalable, est loin d’être systématique.
La lutte contre les violences faites aux femmes ne peut se satisfaire de formules incantatoires. J’ai donc, à travers cette question, souhaité rappeler que ce combat n’a de sens que s’il est appréhendé de manière globale en incluant les individus, les travailleurs sociaux, les magistrats et les forces de l'ordre, mais surtout en y mettant les moyens suffisants.