EN VENDÉE
L’œil dans le rétrofit
La mobilité durable est un enjeu majeur de notre société pour réduire l’empreinte carbone. Le parc de véhicules électriques ou hybrides se développe et, demain, les accès aux centres-villes seront de plus en plus compliqués pour les véhicules thermiques. Parmi eux figurent les camions de livraison et les transports en commun qui seraient voués à la casse. L’entreprise e-Néo, basée aux Brouzils, propose une autre alternative : le rétrofit ou comment remplacer un moteur thermique par un moteur électrique sur un même chassis.
Vendredi 23 avril, je me suis rendue dans l’atelier e-Néo aux Brouzils à la rencontre de Jérémy Cantin (PDG) et d’Olivier Richard (conseiller DAF externe), accompagnée par le président de la communauté de communes du pays de Saint-Fulgent-Les Essarts Jacky Dallet et de madame le maire des Brouzils Émilie Duprey.
Virage électrique
À la base, les nouvelles technologies ne constituaient pas le cœur de métier de Jérémy Cantin, dirigeant de Brouzils auto depuis 15 ans, garage spécialisé dans la rénovation de véhicules anciens, dont les mythiques Coccinelles Volkswagen.
C’est d’ailleurs à partir de ce modèle que l’aventure e-Néo va démarrer. En réaction au dieselgate, dans lequel Volkswagen est impliqué, et face à la mort annoncée du moteur thermique, Jérémy Cantin fait le pari de remplacer le moteur d’origine d’une Coccinelle par un moteur électrique. L’électrocox est née.
Qui dit nouveauté peut vouloir dire vide juridique. L’électrocox n’a pas l’autorisation de circuler mais l’écho donné à ce véhicule original permet à Jérémy Cantin d’être reçu au ministère de l’Écologie et d’embrayer par une réponse législative à sa technologie. Prescripteurs de l’évolution réglementaire, e-Néo et ses partenaires sont à l’origine du décret d’application technique du 13 mars 2020 relatif aux conditions de transformation des véhicules thermiques en électrique à batterie ou pile à combustible, plus communément appelé rétrofit électrique.
Le rétrofit peut être envisagé sur un véhicule immatriculé en France et âgé de plus de 5 ans pour les catégories M et N (transport de peronnes et de marchandises). Il se doit de respecter :
- Une puissance électrique équivalente à la puissance thermique d’origine ;
- Un poids après modification équivalent ou supérieur de 20 % maximum par rapport au poids d’origine ;
- Une conversion réalisée par un installateur agrée après homologation.
L’économie d’énergie est estimée à 48 %.
E-Néo
La structure, distincte du garage auto, est considérée comme un constructeur automobile. Spécialiste de la conversion thermique/électrique de véhicules légers et lourds (voitures, camions, tracteurs, autobus), e-Néo conçoit également des buggy électriques.
E-Néo transforme principalement des poids-lourds car la standardisation, synonyme de réduction des coûts, est facilitée. Un véhicule de 44 tonnes équipé d’un mix de batterie et pile à combustible couplée à l’hydrogène dispose d’une autonomie approximative de 400 kms. Le coût de la transformation explique également l’orientation vers ce type de véhicules.
Pour sa mutation industrielle, l’entreprise est candidate à l’occupation d’un espace de 7 000 m2 dans le cadre de la réhabilitation de l’ancien site Michelin de la Roche sur Yon. Le recrutement de 20 personnes est envisagé à court terme. Dès lors, 20 jours seront nécessaires pour transformer un véhicule thermique en véhicule électrique.
E-Néo assurera directement la conversion des véhicules du Grand Ouest à la Roche-sur-Yon (distance en cohérence avec l’autonomie des batteries). Un réseau de partenaires habilités par leur soin opérera sur le reste du territoire. Dans tous les cas, e-Néo restera maître de l’homologation des véhicules et de la traçabilité des équipements.
Une réflexion d’économie circulaire permettra une utilisation optimale des batteries. E-Néo prévoit 4 cycles de mobilité avant le transfert en batterie de stockage à destination de bâtiments équipés en photovoltaïque. Cette durée d’utilisation implique de trouver un nouveau modèle bancaire et économique pertinent sur 20 ans.
Notre territoire vendéen regorge de talents. Je salue l’audace de Jérémy Cantin qui, en plus d’imaginer et de développer un système innovant, a su l’imposer comme une alternative économique et écologique aux mobilités de demain. En tant que parlementaire, il m’appartient de soutenir ces projets et de les accompagner quand une traduction réglementaire s’impose à leur énergie créatrice d’emplois et de richesses.