Jeudi 29 juillet, j'ai été reçue par Julien Blanchard, président du directoire, et David Guglielmetti, directeur du développement, sur le site de production d'Hoffmann Green Cement à Bournezeau.

Le béton est le produit manufacturé le plus consommé au monde : 146 tonnes par seconde ou 4,6 milliards de tonnes par an. En 2016, la production française de ciments, utilisés pour l’assemblage du béton, s’élève à 18 millions de tonnes pour 2,08 milliards d’euros. 5 sociétés, parmi les 12 présentes, représentent 95 % du marché.

C’est sur ce conséquent marché oligopolistique que démarre le projet Hoffmann Green Cement (HGC) en 2014 avec Julien Blanchard et David Hoffmann. Ce dernier, spécialiste des liants minéraux, a développé des techniques d’activation et de sur-activation de co-produits, sourcés au niveau européen, permettant de produire des ciments décarbonés 0 % clinker : H-P2AH-UKRH-EVA (une 4ème technologie devrait dévoilée prochainement)

HGC est repéré en 2016 au sein du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA). Peinant à trouver un financement traditionnel, c’est par le biais d’entrepreneurs vendéens qu’HGC pourra entamer son activité industrielle en 2017 avec la création de l’unité de production H1 (capacité : 50 000 tonnes). Les premières tonnes sont produites en 2019.

En proposant des solutions innovantes et plus respectueuses de l’environnement, HGC bouscule le marché traditionnel de la construction. C’est pourquoi la réticence des professionnels du bâtiment, face à un procédé « révolutionnaire », et des contraintes réglementaires longues et coûteuses - à ce jour, HGC a dépensé 4 millions d’euros en certification – ont pu freiner le développement de l’entreprise.

Contraint de franchir un nouveau palier industriel, HGC est parvenue à lever 75 millions d’euros par le biais de son entrée en bourse.

Une nouvelle unité de production H2 est actuellement en cours de construction (capacité : 250 000 tonnes). L’unité H2, innovante dans sa structure, va culminer « tel un phare de l’innovation vendéenne » à 70 mètres de haut). Sa verticalité permet ainsi de réduire massivement l’emprise au sol (1 hectare pour H2 contre 3 pour H1). Elle sera inaugurée en novembre 2022. Une unité H3 (capacité : 250 000 tonnes) est envisagée prochainement en région parisienne. 

La loi Climat et la nouvelle réglementation RE2020 auraient pu, dans leur rédaction initiale, compromettre la pérennité de l’entreprise puisque la construction bois était fortement encouragée. À juste titre, Julien Blanchard prône « la mixité des matériaux dans la construction pour avoir le bilan carbone le plus faible. Le tout quelque chose crée des déséquilibres ».

Aussi, avec un environnement réglementaire favorable au développement de leurs technologies, HGC ambitionne de représenter à terme 3 % du marché français et envisage l’embauche de 70 collaborateurs d’ici 24 mois.

Les solutions HGC sont plus onéreuses que le béton traditionnel mais moins coûteuses pour l’environnement. À titre d’exemple, 3,25 tonnes de CO2 sont économisées sur une dalle de 120 m2. C’est pourquoi HGC milite pour une révision de l’approche environnementale qui permettrait de monétiser le CO2 évité plutôt que de taxer le CO2 produit. Il est possible d’admettre que le droit à polluer n’est pas satisfaisant, il a créé un marché de compensation qui n’incite pas à la réduction.

Les thématiques environnementales s’invitent régulièrement dans l’hémicycle par le biais des mobilités, de l’alimentation, de la construction… L’urgence climatique nous oblige mais les conséquences multiples (sociales, économiques, sociétales…) nous imposent un consensus qui pourrait ne retarder qu’une prochaine échéance critique. La crise des Gilets Jaunes est un parfait exemple de ce déséquilibre entre le possible et le nécessaire.

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